Lava Records est né en 2003 de la passion de trois copains pour la musique noire, particulièrement le ska et le reggae de la période 1962-1972. Collectionner les disques, c'est bien. Organiser des soirées, animer des émissions de radio, en gros faire vivre ce genre musical, c'est mieux ! Ne pas se contenter d'être spectateur, mais passer de l'autre côté de la barrière et devenir acteur.
A l'origine, Lava Rds devait être un label consacré uniquement à des rééditions de 45t introuvables, sortis trente ou quarante ans auparavant sur des labels anglais ou jamaïquains. L'idée, c'était de proposer une alternative aux jeunes fans de reggae qui ne pouvaient se procurer cette musique que sur support CD ou qui étaient obligés de vendre un rein pour s'offrir le pressage original sur un site de ventes aux enchères.
Le premier 45t sort en 2004, il s'agit d'une réédition d'un morceau de Dave Barker sorti en 1975 sur Jama Records. Les 500 copies pressées se vendent bien, mais le staff Lava réalise néanmoins que le public préfère acheter des nouveautés plutôt que du "réchauffé" (personnellement, je ne comprends pas, mais bref !!!...). L'équipe est à cette époque rejointe par un quatrième reggae-addict, qui mieux est infographiste et musicien talentueux, qui a en sa possession une maquette des Soulsteppers, un groupe de San Diego en Californie, qui a déjà un album à son actif mais qui a splitté pour cause de divergences musicales entre certains membres. Les nouveaux Soulsteppers sont un duo, qui produit un skinhead reggae incroyablement proche du modèle original.
La solution est là : produire les Soulsteppers permet à Lava d'apporter de la nouveauté tout en conservant intacte sa ligne directrice "puriste" et "élitiste". Pas question en effet de sortir un disque d'un groupe de ska moderne dont la musique aurait plus sa place comme fond sonore à la Foire du Trône.
En 2005 sort donc le deuxième Lava, avec "Death comes" par les Soulsteppers. Là encore, les 500 copies pressées s'envolent rapidement aux quatre coins de la planète.
Le troisième 45t est attendu prochainement, avec un léger changement de cap, puisqu'il s'agit certes toujours des Soulsteppers mais cette fois-ci avec un morceau de funk au rythme envoûtant, qui ferait danser un galérien avec les fers aux pieds.
La fréquence des productions est faible, tout simplement pour des raisons financières mais aussi des contraintes de temps. Le label, c'est un hobby, pas une activité principale ! C'est également une manière de rendre hommage aux grands labels de reggae qu'étaient Trojan et Pama dans les années 60-70.
Et en bonus, un extrait de la fiche technique du premier 45t Lava :
- Le projet discographique LAVA -
L’inspiration musicale majeure qui nous anime provient des arts et expressions culturelles d’influences africaines. La plus représentative d’entre elles est sans aucun doute la culture jamaïcaine :
Ce parti pris, réside dans la croyance en un peuple, fondateur de la plus prolifique génération de musiciens que l’histoire de la musique populaire moderne ait jamais connue. C’est pourquoi le projet LAVA* se veut le reflet de la création musicale en vogue dans les années 60 et 70 et tout particulièrement en ce qui concerne la période allant de 1967 à 1972, dénommée communément « early popular reggae music ».
Nous proposons, à travers une relecture sonore des œuvres les plus recherchées de ce répertoire, un catalogue discographique spécialisé sous le format original, 45 tours « collector » vinyle.
Le premier single réalisé comporte deux titres obscurs, sélectionnés pour leurs rythmiques typiquement « skinhead reggae », du nom de ces jeunes Anglais qui ont été les premiers fans de ce nouveau genre musical introduit dans leur pays par les migrants jamaïcains" :
1. Heavy Boomerang de Dave Barker & Ansel Colins.
2. It’s not possable - Dynamic Allstars.
Editeur : ALJAMA DISCS 2004 - Edition limitée à 500 exemplaires –
* Le nom LAVA est un hommage au labels discographiques édités à partir des années 60, par les producteurs anglo-jamaïcains pour le jeune public britannique au même titre que d’autres productions tel que « Punch », « Clink », « Doctor Bird », « Black Swan », « Blue cat », « Bamboo » ou « Torpedo »…
Dave & Ansel Collins, souvent considérés à tort comme deux frères, ont marqué de leur sceau indélébile la musique jamaïcaine, au cours d’une collaboration fructueuse, bien que de très courte durée.
Ansell Collins est né le 16 avril 1948 à Kingston, Jamaïque. Dave Barker (de son vrai nom David John Crooks, et non pas David Collins comme on peut le lire parfois !) est né le 10 octobre 1947 à Kingston, Jamaïque. Dave Barker faisait partie du trio vocal The Techniques (les deux autres membres étant Pat Kelly et Bruce Ruffin, deux pointures qui ont par la suite fait la carrière solo que l’on sait). Après avoir quitté le groupe, Dave a travaillé quelque temps pour Lee Perry. Il a enregistré sous son propre nom « Shocks of mighty », avec les Upsetters. L’album « Prisoner of Love » est sorti en 1970, permettant à Dave de montrer les diverses facettes de son talent, aussi bien en tant que chanteur qu’en tant que toaster. Winston Riley, qui présidait à la destinée des Techniques, a été le facteur déclenchant de la collaboration entre Dave Barker et Ansel Collins.
Une collaboration qui se fera d’ailleurs dans un premier temps sans le moindre contact physique entre les deux artistes : Ansel Collins (claviers) et Sly Dunbar (batterie) avaient enregistré ensemble deux morceaux au studio Dynamic. Ils avaient besoin d’argent et Winston Riley, qui passait par là au bon moment, leur a acheté les droits des morceaux pour une bouchée de pain (en fait, existe-t-il dans la musique jamaïcaine des morceaux qui ne se soient pas monnayés pour des clopinettes ?). Les deux morceaux étaient des instrumentaux, baptisés « Double barrel » et « Monkey Spanner ». Winston Riley est allé voir Dave Barker pour lui demander de chanter sur ce titre. Dave a accepté et les compères se retrouvèrent au studio de Jo Gibbs pour ajouter la voix sur la partie instrumentale déjà enregistrée. Dave Barker se souvient avoir eu des difficultés au début à s’adapter à la musique. C’est le frère de Winston Riley qui lui a donné un coup de pouce, en conseillant à Dave de penser à « quelque chose de grandiose, comme James Bond, comme l’agent Double O-O-O ». Le résultat, c’est bien sûr 'I am the magnificent, I am the man from W-O-O-O'.
Le morceau a été un succès éclatant, se maintenant à la première place des charts anglais pendant deux semaines en mars 1971 et parvenant même à être l’un des premiers titres de reggae à rentrer dans les charts américains, atteignant la 22ème place au Billboard. Leur disque suivant, « Monkey Spanner », s’est hissé à la 7ème place des charts anglais. Malgré ce démarrage foudroyant, la collaboration entre Dave et Ansel Collins a été éphémère. Ils ont enregistré un album chez Trojan, « Double Barrel ». Ansel Collins a continué à travailler comme musicien de session pour divers labels de reggae jamaïcains, tandis que Dave Barker est parti s’installer en Angleterre, où il a chanté pour divers groupes de soul. Il a également enregistré le titre « Smooth and Sorts » (crédité à Dave Collins !!!), sorti sur Rhino en 1972, opération commerciale pour profiter de l’apparition des smoothies, issus du mouvement skinhead, lui-même largement honoré par de nombreux artistes de reggae en 1970. Le duo s’est reformé brièvement en 1981, sans grand succès.
Le morceau que nous rééditons ici, « Heavy Boomerang », est sorti à l’origine sur le label Jama sous la référence JAMA002. Jama est un label basé à Brixton, qui a sorti une cinquantaine de singles et cinq albums entre 1975 et 1980. Bien que daté de 1975, « Heavy Boomerang » est vraisemblablement un ancien enregistrement de Dave Barker et Ansel Collins qui était resté inédit et qui date plutôt du tout début des années 70. Il est tout à fait caractéristique du style skinhead reggae en vogue à l’époque, aussi bien par le style du chant que par sa ligne d’orgue énervée.