Par Hong Kong Fou-Fou
Face à vous, la Chose, son visage orange figé dans un rictus menaçant. Sur votre gauche, l'aile avant aux formes sensuelles d'une Alpine A110 bleue. A droite, un gigantesque paquet de céréales vert. Vous êtes dans une exposition de Yébé. Vous en ressortirez le sourire aux lèvres, avec l'envie subite de vous acheter une petite sucrerie dans la première épicerie venue, n'importe quoi, du moment que l'emballage est coloré. Vous la grignoterez chez vous, en feuilletant un vieux Strange de votre enfance.
Il était plus que temps de donner la parole à ce jeune peintre qui prouve de façon explosive que l'art n'est pas monopolisé par de pseudo-intellos torturés.
FM : Peux-tu nous dire en quelques lignes ce qui t’a conduit à la peinture et résumer brièvement ton parcours artistique jusqu’à aujourd’hui ?
Je crois que j ai toujours dessiné plus ou moins, sans jamais vraiment développer ceci. Je faisais des dessins; des tableaux; dans différents styles. Je me suis mis un jour à peindre des figurines de plomb - des petits soldats - et ce qui m'intéressait le plus était de combiner les couleurs, de les associer en camaïeux et contrastes. Un jour, je me suis retrouvé chez moi et j ai décidé de refaire la déco. J'ai tout repeint en blanc... Un peu triste, alors j'ai fait une toile, puis deux... Des amis sont passés voir ce que je faisais ; ça a plu. Certains m'ont passé des commandes, on m'a proposé une exposition.... Tout est parti de là.
Actuellement je fais du Pop art, dans un but prioritairement esthétique. Je ne renie pas le côté conceptuel de la création mais je pense simplement que l'oeil ne doit pas être négligé pour privilégier seulement l'idée. Je travaille beaucoup sur les détails, le gros plan et désormais j'intègre les déformations diverses. Mes sources d'inspirations furent pendant un temps les comics ou les voitures des 60s et des 70s mais désormais je me penche plus sur l'image de communication de produits de masse ou de luxe. Comme j'oppose contrastes et couleurs, j'oppose deux images jugées antinomiques de la consommation actuelle.
FM : Tu as quitté Perpignan pour partir t’installer à Barcelone. Après la fuite des cerveaux, la fuite des pinceaux ?
Oui, je suis parti dans une ville qui est une vraie capitale. Cependant, je dois dire que si c'est une ville au côté culturel ultra développé, elle reste encore très centrée sur l'exception catalane. Il est difficile pour un artiste d'y travailler car les places restent rares et surtout les institutions artistiques - privées ou publiques - restent très axées sur le social ou le conceptuel. J'ai eu la chance d'exposer malgré tout ces dernier mois et le public est toujours plus important dans une ville de cette dimension.
FM : Un endroit où tu rêverais d’exposer tes toiles ? Pourquoi ?
Franchement, aucune idée, peut-être à Perpignan même, dans un vrai cadre institutionnel et en compagnie d'autres artistes car la ville où je suis né regorge d'un potentiel qui ne cesse de se développer mais qui reste ignoré de la municipalité. Il semble pourtant que les choses changent peu a peu.
FM : Un tableau célèbre que tu serais fier d’avoir signé ? Pourquoi ?
Là encore, aucune idée... L'oeuvre qui me vient à l'esprit est une sculpture, la fontaine de Duchamp, parce qu'exposer dans un musée un urinoir à l'envers rebaptisé "fontaine", je trouve ça particulièrement drôle...
FM : Tes toiles sont un véritable remède contre la morosité. Pourtant, lorsqu’on te connaît un peu, on sait que tu peux passer par des périodes de spleen. Est-ce
que tu penses que peindre te sert d’exutoire ?
Je ne crois pas. En fait quand je suis dans une de ces phases, je peins très peu. J'en profite pour développer les idées, faire des ébauches... Je ne crois pas que mon travail soit en rapport avec mes états d'âme.
FM : Quelles sont, au sens large, tes influences majeures ?
Ouh la... Très nombreuses, de Clash aux Supernanas... En fait, je crois que mon influence majeure, c'est ma capacité d'absorption. Je suis une éponge pour les choses futiles, alors mon supermarché, un paquet de clopes par terre dans la rue..,.tout est susceptible de m'intéresser du moment que ça me séduit esthétiquement.
FM : Existe-t-il actuellement d’autres artistes dont tu te sentes proche ?
Je me sens peut-être plus proche des graphistes informatiques ou des taggueurs que des artistes établis, j'aime beaucoup Shag qui travaille dans une direction Pop Lounge, mais de manière générale je me sens plus en rapport avec quelqu'un qui va clairement établir son discours que des conceptuels qui n'exposent qu'une simple idée et la compliquent visuellement pour faire artiste.
FM : Comment te vient l’idée d’une toile ? Tu sembles fonctionner par « séries » (une série d’œuvres sur les super-héros, une série sur des produits de consommation, etc…). Comment sais-tu qu’il est temps de passer à autre chose ?
FM : Comment te vois-tu évoluer dans le futur ? Je ne parle pas évidemment d’une quelconque décrépitude intellectuelle ou physique, mais de l’évolution de ton
art…
Je n'en sais rien et si je le savais je crois que ce ne serait pas drôle.
FM : Tu sembles cultiver un certain mystère autour de ta personne, en refusant notamment de te laisser prendre en photo. Pourquoi ? Tu dois de l’argent à
beaucoup de monde ?
Non je ne crois pas... C'est parce que les photos volent ton âme... (rires) - comme disent les vieux qui tchatent pas et les journalistes professionnels -. L'usage d'un pseudonyme et le fait de me "cacher" permettent de mettre en avant le travail. Une fois qu'une toile est faite elle n'existe plus que par elle-même et surtout pas en rapport avec celui qui l'a exécutée...
FM : Levons un peu le voile en disant que quelques éléments importants de ton look sont d’un côté les jeans pattes d’eph’, de l’autre de grosses rouflaquettes et des lunettes miroir. Alors, hippy ou fan d’Elvis ?
Hippy sûrement pas. J'aime bien Elvis mais je préfèrerai toujours un vrai Noir qui chante a une imitation... Plutôt James Brown ou Toots Hibbert...
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