Plusieurs hypothèses ont vu le jour dans l'esprit de scientifiques que leurs épouses avaient mis à la porte et qui n'avaient donc plus que ça à faire.
Première hypothèse : la matière telle que nous la connaissons (celle qui constitue le camembert que vous venez d'ingérer, par exemple) n'est pas la seule existante. Il y aurait une autre catégorie de matière, la matière noire, qui constituerait la matière manquante. Les défenseurs de cette hypothèse tentent encore d'en prouver l'existence. J'ai une expérience à leur proposer : faire écouter à la matière un bon disque d'Isaac Hayes. Si elle se met à chalouper et à onduler au rythme de la musique, c'est de la matière noire.
Seconde hypothèse : d'autres petits malins bardés de diplômes ont pris conscience que la force d'attraction gravitationnelle (celle qui fait que vous vous écrasez par terre quand vous vous suicidez du haut de la tour Eiffel) était très faible par rapport aux autres forces d'interaction, ce qui ne paraît pas normal (enfin moi personnellement, quand je fais un combat de catch avec Wally Gator, je la trouve bien assez intense, la gravité...). Explication possible : il y aurait une infinité d'univers parallèles, qui se partageraient la même gravité, ce qui fait qu'il ne resterait pas grand' chose pour chacun d'eux.
Ces multiples univers ont vraisemblablement des lois physiques différentes, des dimensions différentes, des émissions de télé différentes (enfin, on leur souhaite !). Mais on peut également imaginer (c'est plus sympa en tout cas pour les scénarii de science-fiction) qu'ils sont semblables au nôtre, mais avec un léger décalage de l'espace-temps. Là encore, plusieurs possibilités : tous ces univers sont rigoureusement identiques, il y a quelque part une, ou dix, ou cent, réplique de vous-même, qui vit une existence parallèle, qui occupe un emploi parallèle, qui fréquente des bars parallèles (sérieusement, vous pensiez vraiment y échapper, à ce jeu de mots ?), etc... Ou alors, et c'est à mon avis plus probable, chacun de ces univers a eu son propre rythme de développement, au gré des caprices du destin qui l'ont plus ou moins favorisé. Ainsi, dans l'un de ces univers, les habitants en sont peut-être encore à régler leurs différends à grands coups de massues dans les ratiches, tandis que dans un autre, on préfère se désintégrer à larges rafales de répultron à inversion de polarité, c'est quand même plus propre.
Alors bien sûr, qu'il y ait ou non des univers parallèles, ça nous fait une belle jambe, puisqu'ils nous sont inaccessibles. Mmmouais, en théorie en tout cas. Si on se rappelle de nos leçons de géométrie, deux droites parallèles, ce sont deux droites qui se coupent à l'infini. Donc, on peut imaginer que tous ces univers convergent vers un même point. Et c'est là qu'on va se marrer. Imaginez : vous rentrez chez vous, après une dure journée de labeur, prêt à déguster le potage poireaux-pommes de terre préparé par votre chère et tendre. Des bruits de discussion animée émanent de la salle à manger. Stupéfait, vous découvrez un type qui a exactement vos traits (quoiqu'un peu plus svelte, c'est en tout cas l'impression que donne la combinaison argentée qu'il porte), couché en travers de la table, la tête dans la soupière, essayant d'atteindre le répultron à inversion de polarité fixé à sa ceinture. Assis sur lui à califourchon, un autre individu, qui vous ressemble également de façon frappante mais en plus velu, est en train de l'étrangler. Il est vêtu de peaux de bêtes et il grogne : "Qui toi être ? Qui toi être ?". Avouez que ça animerait un peu vos soirées, hein ?
En attendant, et c'est notre souhait ici à "Fury Magazine", il faut que cette notion d'univers parallèles, certes très floue aujourd'hui, contribue à améliorer votre moral. Peut-être que votre journée a été atroce, contravention, engueulade du patron, dispute avec bibiche, pluie, mal de dos, etc... Mais peut-être qu'en même temps, quelque part, un autre "vous" a passé une journée splendide, sur un yacht en Méditerranée, à boire des Martini avec des petites pépées...